Conjoncture : 3,2 % de croissance pour l’Afrique subsaharienne en 2018
13/01/2018
Dans ses « Perspectives économiques mondiales » publiées récemment, la Banque mondiale prévoit un rebond de croissance pour l’Afrique subsaharienne.
La croissance économique en Afrique subsaharienne devrait passer de 2,4 % en 2017 à 3,2 % en 2018.
Après un net recul à 1,3 % en 2016, la croissance en Afrique subsaharienne a enregistré un rebond à 2,4 % en 2017. Cette progression reflète un léger redressement des trois principales économies de la région, à savoir l’Angola, le Nigeria et l’Afrique du Sud. Et elle devrait se poursuivre en 2018, passant de 2,4 % en 2017 à 3,2 % en 2018, selon les estimations du dernier rapport sur les « Perspectives économiques mondiales » publié le 9 janvier.
Bilan de l’année 2017
Les économistes de la Banque mondiale constatent que, en 2017, l’augmentation des prix des produits de base, des conditions favorables de financement à l’échelle mondiale et une inflation moindre ont contribué à revitaliser la demande des ménages. Seul bémol : la croissance s’est avérée légèrement plus faible que prévu. Car la région pâtit encore d’une croissance négative du revenu par habitant, de la faiblesse des investissements et d’un déclin de la croissance de la productivité.
Parmi les pays qui s’en sont le mieux sortis figurent ceux qui exportent des métaux et qui ont connu une reprise modérée qui découle de la hausse de la production minière dans un contexte d’augmentation des prix des métaux. Autre enseignement : la croissance a été en général stable dans les pays disposant de peu de ressources naturelles grâce, notamment, à des investissements dans les infrastructures et dans la production agricole. Tandis que les pays exportateurs de pétrole de la région sont encore confrontés aux conséquences du dernier effondrement des prix.
Pour la Banque mondiale, il était attendu de l’Afrique subsaharienne des efforts sur la partie des déficits budgétaires. Certains pays, notamment ceux qui exportent le pétrole, ont fait légèrement baisser leurs déficits budgétaires nationaux à travers des coupes drastiques dans les dépenses. Mais ce n’est pas le cas de certains pays qui ont creusé leur dette publique par rapport à 2016 avec de nombreux emprunts pour financer des investissements publics.
Ces tendances qui pourraient faire 2018
Première tendance : pour la première fois depuis la crise économique mondiale, l a croissance en Afrique subsaharienne devrait continuer à progresser, à 3,2 % en 2018, puis à 3,5 % en 2019, tirée par le raffermissement du prix des produits de base et un renforcement graduel de la demande domestique.
« Toutefois, le taux de croissance restera inférieur aux moyennes enregistrées avant la crise économique, en raison notamment des difficultés à relancer l’investissement privé dans les plus grandes économies de la région », analyse la Banque mondiale dans son rapport.
Deuxième tendance, le retour de la croissance pour les grandes économies d’Afrique. À commencer par l’Afrique du Sud, qui devrait enregistrer une hausse de sa croissance à 1,1 % cette année, contre 0,8 % en 2017. Le redressement devrait se confirmer grâce à une légère reprise des investissements liée à l’amélioration de la confiance des entreprises. En revanche, l’incertitude politique qui règne dans le pays pourrait ralentir la mise en œuvre de réformes structurelles pourtant nécessaires.
Au Nigeria, après une hausse très modeste de 1 % en 2017, la croissance devrait bondir à 2,5 % en 2018. Cette révision à la hausse des perspectives au Nigeria se fonde sur la prévision d’une poursuite de l’augmentation de la production pétrolière et de la mise en œuvre de réformes qui doperont les autres secteurs d’activité. La croissance en Angola devrait progresser à 1,6 % cette année. Dans ce pays, la réussite de la transition politique favorise la mise en œuvre de réformes qui améliorent le climat des affaires. La hausse soutenue des investissements dans les pays disposant de peu de ressources naturelles va sans doute favoriser une croissance robuste en 2018. Elle devrait bondir à 7,2 % en Côte d’Ivoire, à 6,9 % au Sénégal, à 8,2 % en Éthiopie, à 6,8 % en Tanzanie et à 5,5 % au Kenya, où l’inflation faiblit.
Attention au ralentissement de la Chine
Cette note optimiste de l’institution de Bretton Woods s’arrête là, car, pour le reste, il est question pour l’Afrique subsaharienne de mener enfin les réformes structurelles indispensables si le continent veut doper sa croissance au cours des dix prochaines années. En effet, compte tenu « des facteurs extérieurs et intérieurs qui pèsent sur la région, les risques à la baisse des perspectives demeurent importants », explique la Banque mondiale. Poursuivant que, « même si une activité plus soutenue que prévu aux États-Unis et dans la zone euro pourrait tirer la croissance régionale grâce à la hausse des exportations, de la production minière et des investissements dans les infrastructures » ; le risque est bien réel. Et c’est la Chine.
Un brusque ralentissement économique de l’empire du Milieu pourrait avoir des répercussions défavorables sur la région en raison de prix des produits de base inférieurs aux prévisions. De plus, si les conditions de financement à l’échelle mondiale se durcissent plus fortement que prévu, les flux de capitaux risquent aussi de se rétrécir dans la région. Enfin, les incertitudes politiques prolongées dans certains pays pourraient saper la confiance des investisseurs. La poursuite des conflits géopolitiques et un affaiblissement des prix du pétrole pourraient freiner la croissance économique, selon les nouvelles perspectives de la Banque mondiale.