l’Afrique doit-elle craindre une crise chinoise ?

Depuis le début de l’année 2018, le marché financier chinois basé à Shanghai affichait au 18 juillet un repli de 15,5%. Sur les trois dernières années, son principal indice, le Shanghai SE Composite qui regroupe l’ensemble des entreprises présentes sur sa cote, a perdu jusqu’à 34%. Une performance qui devrait focaliser les attentions en Afrique.

Même si les fondamentaux de l’économie chinoise demeurent solides, avec une croissance 2018 estimée à 6,8%, en moyenne par le consensus des analystes, cette bonne performance reste en deça de l’âge d’or des progressions à deux chiffres que le pays affichait jusque-là.

Dans une interview accordée à la plateforme Morningstar, Adrew Swan, le gestionnaire du fonds de l’investisseur américain Blackrock pour l’Asie, a expliqué ce repli du marché chinois, par les incertitudes qui entourent les investisseurs. Plusieurs d’entre eux ne savent pas jusqu’où ira la guerre commerciale déclenchée par Donald Trump et quels en seront les impacts.

Le poids de la dette des ménages en Chine menace lentement sa consommation

Selon des indicateurs de la Banque Internationale de Règlement, l’encours de la dette des ménages chinois à la fin 2017 équivalait à 6141,6 milliards $, soit prês de 48% du PIB du pays. A la fin mars 2018, ce poids est passé à près de 50%.

La crainte des analystes ne réside pas tant dans la hausse de cette dette, mais plutôt du fait qu’elle ronge un revenu disponible qui devient de plus en plus faible en raison de la baisse de croissance. Il y a quelques années encore, le revenu partagé par les ménages représentait 49% du PIB. A la mi-2017, il s’est réduit à 47% du PIB.

Ainsi les menages chinois s’endettent de plus en plus, parfois auprès d’institutions difficiles à refinancer, tandis que leurs revenus reculent, du fait de la baisse des valorisations boursières, et de la part de PIB qui leur est distribuée.

Un risque sur la consommation qui pourrait toucher l’Afrique.

Cette situation fait peser un risque sur les économies africaines, dont la Chine est aujourd’hui le premier partenaire.

La hausse de la consommation des ménages, dans tous les compartiments de l’économie chinoise, a été le moteur de gros investissements, qui ont poussé l’empire du millieu à solliciter des matières premières de toutes les sortes en Afrique, positionnant la Chine en tête des partenaires économiques du continent noir.

Dans une note d’analyse publiée le 3 juillet 2018, l’agence de notation Moody’s a indiqué que la reprise de la consommation en Chine pourrait atténuer la baisse des importations des hydrocarbures et des minerais solides, sur les économies africaines. Or si cette consommation chinoise tarde à se relancer ou n’est pas suffisament importante, elle aura difficilement les effets escomptés, notamment pour ceux qui espèrent sur les revenus du tourisme.

En 2015, la crise économique qui a ravagé les principales économies africaines, est partie d’un léger fléchissement dans la microéconomie chinoise. Aujourd’hui encore, alors que s’amoncellent des signes avant-coureurs d’un prochain crash, les acteurs de politiques économiques africaines semblent loin de ce débat.

Or avec la légère crise qui touche les marchés emergents comme l’Egypte, la Turquie et même, dans une moindre mesure, l’Inde, il y a des risques que l’alternative des pays émergents, la Chine en tête, qui soutient l’Afrique, se fragilise aussi. Ce qui plongerait la région dans une nouvelle impasse, avec à la clé des ajustements douloureux.

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